Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/357

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humain, qu’ils y répandent avec profusion. Il est incontestable que, par ce moyen, on donne à la végétation beaucoup plus de force et d’activité ; mais il est probable aussi que les produits agricoles sont d’une nature moins salubre, et peut-être faudrait-il attribuera cette cause plusieurs des infirmités très-fréquentes parmi les habitants du Midi, et qu’on ne remarque pas dans le Nord. Si l’on ne connaissait pas tout le prix que les habitants du Céleste Empire attachent à cette sorte d’engrais, il serait impossible de concilier l’égoïsme chinois avec l’existence de ces innombrables petits cabinets, que les particuliers élèvent de toutes parts pour la commodité des voyageurs. Il n’est pas de ville ou de village où il n’y ait, sur ce point, une concurrence effrénée. Sur les chemins les moins fréquentés, dans les endroits les plus déserts, on est tout étonné de trouver des maisonnettes en paille, en terre et quelquefois en maçonnerie. On croirait être dans un pays où la sollicitude pour les établissements d’utilité publique est poussée jusqu’à l’exagération. En réalité, l’intérêt est le seul mobile de toutes ces créations utiles.

Lorsqu’on entre dans un hameau chinois, ou qu’on approche d’une ferme, on est tout à coup saisi par d’horribles exhalaisons qui vous prennent à la gorge et menacent de vous suffoquer. Ce n’est pas cette odeur saine et forte qui s’échappe des étables des bœufs et des bergeries, et qui souvent dilate les poumons d’une manière si agréable, c’est un atroce mélange de toutes les pourritures imaginables. Les Chinois ont tellement la manie de l’engrais humain, que les barbiers recueillent avec soin leur moisson de barbe et de cheveux et les rognures