Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/356

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cueille des fleurs ou des bouses de cheval, l’expression est toujours la même.

L’agriculture chinoise ressemble peu à ce que nous appelons, en Europe, l’agriculture en grand. La propriété territoriale étant très-divisée, on voit peu d’exploitations sur une grande échelle. Dans le Nord, pourtant, on rencontre des fermes assez considérables ; mais, que la culture se fasse en grand ou en petit, les Chinois n’emploient jamais que des instruments fort simples : leur charrue est, le plus souvent, sans avant-train, et entame le sol peu profondément. Dans le Midi, on laboure ordinairement les rizières avec des buffles, que les Chinois nomment chui-niou, « bœuf aquatique. » Dans le Nord, on se sert de nos bœufs domestiques, de chevaux, de mulets, d’ânes ; et, plus d’une fois, il nous est arrivé de voir des femmes traîner la charrue, pendant que le mari poussait par derrière et donnait la direction au sillon. C’était une chose vraiment digne de pitié que de voir ces femmes enfoncer leurs petits pieds dans la terre, les retirer péniblement, et aller ainsi en sautillant d’un bout du sillon à l’autre. Un jour, nous eûmes la patience de nous arrêter sur le rebord d’un chemin, pour examiner si la pauvre laboureuse, qui traînait la charrue, avait, au moins de temps en temps, quelque peu de repos ; nous vîmes, avec plaisir, le travail s’interrompre un instante l’extrémité du sillon. Les époux s’assirent poétiquement sur un tertre, à l’ombre d’un mûrier, et chacun fuma une pipe de tabac en guise de rafraîchissement.

Dans les provinces méridionales, les Chinois préparent leurs terres et surtout les rizières avec de l’engrais