Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/380

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riz, uniquement pour se débarrasser de sa présence ; autrement, nul ne s’occupe de lui ; on se met bien peu en peine de savoir s’il a un réduit quelconque où il puisse passer la nuit. Les pauvres n’ont pas de domicile ; ils vont ordinairement se réfugier autour des pagodes et des tribunaux, le long des remparts, où ils se construisent de misérables huttes avec des lambeaux de nattes recueillis dans les carrefours.

Les Chinois, si habiles et si expérimentés pour organiser des associations de tout genre dans le but d’exploiter une branche d’industrie ou de commerce, même quelquefois pour résister aux voleurs et aux entraînements du jeu, n’ont pas su former des sociétés de bienfaisance en faveur des pauvres et des malades. Nous avons seulement remarqué, dans quelques localités, des confréries pour procurer gratuitement des cercueils aux morts qui n’ont pas de parents pour prendre soin de leurs funérailles. Et, s’il était convenable de scruter les intentions de ceux qui font le bien, il serait possible de trouver encore, au fond de cette institution, une pensée d’intérêt et d’égoïsme. Les Chinois ont la superstition de croire que les âmes des morts se transforment en génies malfaisants, en mauvais diables, qui prennent ensuite plaisir à venir tourmenter les vivants, en leur suscitant des maladies ou en entravant le succès de leurs affaires. Le meilleur moyen de se soustraire aux malignes influences de ces esprits malintentionnés et devenus implacables contre les vivants, parce que leurs corps auront été privés de sépulture, c’est incontestablement d’acheter des cercueils à ceux qui meurent sans avoir les moyens de se faire enterrer. Cette attention