Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/387

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stoïcisme. Notre dessein était de passer sous silence cette particularité révoltante ; car nous n’aimons pas à faire subir de trop fortes épreuves à la confiance du lecteur. Il nous répugne extrêmement de raconter des choses qui, quoique certaines pour nous, portent le cachet de l’invraisemblance. Mais ce que nous racontons des joueurs chinois est si peu extraordinaire, que la mode en était déjà bien établie au neuvième siècle, et les voyageurs arabes de cette époque n’ont pas manqué de la remarquer. Voici ce qu’on lit dans la Chaîne des chroniques, que nous avons déjà eu occasion de citer plusieurs fois : « Parmi les hommes qui ont l’esprit léger ou fanfaron, ceux qui appartiennent à la classe inférieure et ceux qui n’ont pas d’argent, jouent quelquefois leurs doigts de la main. Pendant qu’ils jouent, on tient à côté un vase contenant de l’huile de noix ou de l’huile de sésame, car l’huile d’olive manque dans le pays. Le feu brûle par-dessous. Entre les deux joueurs est une petite hache bien aiguisée ; celui des deux qui est vainqueur prend la main de l’autre, la place sur une pierre, et lui coupe le doigt avec la hache ; le morceau tombe, et, en même temps, le vaincu trempe sa main dans l’huile, qui est alors extrêmement chaude, et qui lui cautérise le membre. Cette opération n’empêche pas ce même homme de recommencer à jouer… Il y a des joueurs qui prennent une mèche et la trempent dans l’huile, puis la posent sur un de leurs membres et y mettent le feu ; la mèche brûle, et on sent l’odeur de la chair qui se consume. Pendant ce temps, l’homme joue au trictrac, et ne laisse paraître aucune marque de douleur. »