Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/396

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n’avons pas été nous-même témoin de ce hideux spectacle ; mais plusieurs personnes dignes de foi nous ont assuré que des événements de cette nature n’étaient pas extrêmement rares dans le pays.

Les lois chinoises prohibent la fabrication de l’eau-de-vie et du vin, sous prétexte qu’on doit ménager le grain avec le plus grand soin, dans un pays où tous les travaux et toutes les industries de l’agriculture suffisent à peine pour nourrir ses nombreux habitants. Mais il en est de ces lois à peu près comme de celles qui défendent le jeu ; elles ne sont nullement observées. Il suffit de payer les mandarins, et tous les obstacles sont levés. Les établissements nommés chao-kouo, brûleries, » ont besoin d’une autorisation du gouvernement pour distiller l’eau-de-vie. On la leur vend à condition qu’ils n’emploieront dans leur fabrique que des grains gâtés et impropres à tout autre usage. Cela n’empêche pas qu’on n’y consomme les meilleurs produits des récoltes.

Le jeu et l’ivrognerie, voilà deux causes permanentes de paupérisme en Chine. Il en est encore une troisième, et, sans contredit, plus désastreuse que les autres ; nous voulons parler de la débauche. On remarque, dans la société chinoise, un certain ton de décence et de retenue bien capable de donner le change à ceux qui s’arrêtent à la superficie et se hâtent de juger les hommes d’après leur première impression. Il suffit d’un très-court séjour parmi les Chinois pour être convaincu que leur honnêteté n’existe qu’à l’extérieur. Leur moralité publique n’est, en quelque sorte, qu’un masque jeté sur la corruption des mœurs. Nous nous garderons bien de toucher au voile immonde qui recouvre la putréfaction de cette