Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/41

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en plusieurs grandes colonnes, qu’il poussa vers la terre. Ces vapeurs roussâtres se répandirent bientôt, comme en serpentant, le long des collines et dans les vallons, rasèrent les villes et les villages, et le lendemain, partout où le nuage avait passé, les hommes se trouvèrent subitement atteints d’un mal affreux, qui, dans un instant, bouleversait toute leur organisation et en faisait de hideux cadavres. Les médecins eurent beau feuilleter leurs livres, on ne trouva nulle part aucune notion de ce mal nouveau, étrange, et qui frappait, comme la foudre, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, sur les pauvres et les riches, les jeunes et les vieux, mais toujours d’une manière capricieuse et sans suivre aucune règle fixe au milieu de ses vastes ravages. On essaya d’une foule de remèdes, on fit un grand nombre d’expériences, et tout fut inutile, sans succès ; l’implacable fléau sévissait toujours avec la même colère, plongeant partout les populations dans le deuil et l’épouvante.

D’après tout ce que les Chinois nous on raconté de cette terrible maladie, il est incontestable que c’était le choléra-morbus. Il ravagea d’abord la province du Chan-tong et monta ensuite vers le nord jusqu’à Péking, frappant toujours dans sa marche les villes les plus populeuses ; à Péking les victimes furent proportionnellement plus nombreuses que partout ailleurs. De là, le choléra franchit la grande muraille, et les Chinois disent qu’il s’en alla en Tartarie s’évanouir parmi la Terre des herbes. Il est probable qu’il aura suivi la route des caravanes jusqu’à la station russe de Kiakhta, et qu’ensuite, tournant au nord-ouest en