Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/42

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longeant la Sibérie, il aura envahi la Russie et la Pologne, d’où il a bondi sur la France après la révolution de 1830, tout juste dix ans après être sorti du sein de la mer Jaune. Lorsque les habitants du Chan-tong nous racontèrent, en 1849, l’histoire de l’apparition du choléra dans leur province, il nous sembla qu’il avait suivi, pour venir en France, la marche que nous venons d’indiquer.

En Chine, chacun exerce la médecine avec entière liberté ; le gouvernement ne s’en mêle en aucune manière. On a pensé que le vif et irrésistible intérêt que les hommes portent naturellement à leur santé serait un motif suffisant pour les empêcher de donner leur confiance à un médecin qui n’en serait pas digne. Aussi, quiconque a lu quelques livres de recettes et étudié la nomenclature des médicaments a le droit de se lancer avec intrépidité dans l’art de guérir ses semblables…, ou de les tuer.

La médecine est comme l’enseignement, un excellent débouché pour favoriser l’écoulement des nombreux bacheliers qui ne peuvent parvenir aux grades supérieurs et prétendre au mandarinat. Aussi les docteurs pullulent en Chine ; sans parler des médecins officieux, qui sont innombrables, puisque, comme nous l’avons déjà dit, tous les Chinois savent plus ou moins la médecine, il n’est pas de petite localité qui ne possède plusieurs médecins de profession. Leur position n’est pas, à beaucoup près, aussi brillante qu’en Europe ; outre qu’il n’y a pas grand honneur à exercer un état qui est à la portée, et, en quelque sorte, à la merci de tout le monde, on n’y trouve non plus que