Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/455

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idée des pays qu’on aurait traversés et des peuples qu’on rencontrerait. C’est bien aujourd’hui qu’il est vrai de dire que les voyageurs sont colportés en Europe, absolument comme des ballots de marchandise. Désormais, ceux qui souhaiteront faire des voyages de luxe et d’agrément seront forcés de se rendre en Chine, et d’avoir une de ces jonques mandarines, qui les promène suavement de province en province, sur les fleuves et les canaux dont l’empire est sillonné. Les riches citoyens du royaume des Fleurs trouvent à louer, dans les grands ports, de jolis bateaux avec tout le confortable assorti à la civilisation chinoise. On exécute de la sorte des voyages ou plutôt de longues promenades en s’arrêtant partout où l’on veut, suivant l’exigence des affaires et les caprices de la fantaisie. Comme les villes les plus importantes sont ordinairement situées sur les bords de l’eau, il est facile d’étudier le pays, de connaître les mœurs et les usages de ses habitants.

En général, les Chinois sont très-peu sédentaires. Sans sortir des limites de leur empire, ils peuvent faire de longs voyages et se former une idée de tous les climats et de toutes les productions de la terre. Quoique leurs moyens de transport soient lents et incommodes, on les voit se mettre en route avec une grande facilité. Dans les provinces du Midi, il faut presque toujours naviguer. À l’exception des bateaux aristocratiques dont nous venons de parler, les voyageurs ne rencontrent que des jonques sales et encombrées, où ils s’entassent les uns sur les autres, sans paraître, du reste, ressentir la moindre gène. Ils demeurent là enfermés des mois entiers, avec une incompréhensible patience, vivant de riz cuit à