Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/470

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Elles chaussent de petites bottines très-gracieuses et richement brodées ; c’est là-dessus qu’elles se soutiennent en se balançant presque continuellement. Leur démarche a quelque chose de sautillant, et ressemble beaucoup à celle des Basques lorsqu’ils sont montés sur des échasses.

Les femmes chinoises, avec leurs petits pieds de chèvre, n’éprouvent pas pour marcher autant de difficulté qu’on se l’imagine. Comme elles y sont habituées dès leur naissance, elles n’ont pas plus d’embarras que certains boiteux qu’on voit souvent courir avec assez d’agilité. Lorsqu’on les rencontre dans les rues, on dirait, à leurs petits pas chancelants, qu’elles peuvent à peine se soutenir ; mais c’est là quelquefois une affectation et une manière de se donner de la grâce. Elles sont, en général, si peu embarrassées, que, si elles pensent n’être pas vues, elles courent, sautent et folâtrent avec une admirable aisance. L’exercice favori des jeunes filles chinoises est le jeu de volant ; mais, au lieu de se servir de raquettes, c’est avec le revers de leur petit brodequin qu’elles reçoivent et se renvoient mutuellement le volant. Elles sont donc toujours à cloche-pied, et, comme il leur arrive de passer des journées entières à ce jeu, il est permis de présumer que leurs moignons ne leur causent ni beaucoup de douleur ni une grande fatigue.

Tous les habitants du Céleste Empire raffolent des petits pieds des femmes. Les jeunes filles qui, dans leur enfance, ne les ont pas eus serrés, trouvent très-difficilement à se marier. Aussi les mères ne manquent-elles pas de porter sur ce point toute leur sollicitude. Les femmes tartares mantchoues ont conservé l’usage des grands