Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/476

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ou moins étendues d’un sable fin et blanchâtre. Quelques champs de riz et de froment, de riches plantations de bambous et de saules pleureurs, beaucoup de hautes collines, la plupart stériles et décharnées, quelques-unes offrant pour toute parure, sur une légère couche de terre rouge, de rares bouquets de pins et une herbe desséchée que broutent nonchalamment de grands troupeaux de buffles ; voilà ce qu’on rencontre le plus souvent en remontant son cours. En plusieurs endroits, on voit d’énormes masses de pierres calcaires qu’on dirait taillées de main d’homme, depuis la base jusqu’au sommet, ou coupées en deux pour ouvrir un lit à la rivière. J’ai demandé aux Chinois d’où venaient ces singularités. La question ne les a pas embarrassés le moins du monde. — C’est le grand empereur Yao, m’ont-ils répondu, qui, aidé de son premier ministre Chun, a fait partager ces montagnes, pour faciliter l’écoulement des eaux, après la grande inondation. Vous savez, mon cher ami, que, d’après la chronologie chinoise, cette grande inondation correspond au temps du déluge de Noé.

« Une de ces rives, qui s’élevait perpendiculairement comme une muraille colossale d’un seul bloc, était enrichie, par un surcroît, d’un phénomène que je fus longtemps à comprendre. On voyait, à une grande hauteur, deux espèces de galeries creusées dans le rocher. Sur ces galeries apparaissaient comme des figures humaines, qui semblaient se mouvoir parmi d’innombrables lumières ; de temps en temps des matières enflammées en descendaient et venaient s’éteindre dans le fleuve. Notre jonque approcha, et alors