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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/480

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Après mille circuits dans ce vaste port, nous abordâmes à un petit débarcadère. Un mandarin nous y attendait. On nous fit entrer dans des palanquins, et nous fûmes transportés au pas de course, au centre de la ville dans la maison particulière d’un fonctionnaire civil de rang inférieur. Enfin nous étions donc arrivés à Canton ; c’était au mois d’octobre 1846, six mois après notre départ de Lha-ssa. Lorsque nous quittâmes la capitale du Thibet, il nous semblait que nous n’arriverions pas au terme du voyage que nous entreprenions, tant la route était longue et semée d’écueils de tout genre. Selon toutes les probabilités humaines, nous devions périr de fatigue et de misère. Mais la Providence ne nous abandonna jamais, et nous conduisit presque miraculeusement jusqu’au bout, au milieu des dangers dont nous étions sans cesse environnés. Aussitôt que nous fûmes entrés dans les appartements qu’on nous avait assignés, nous tombâmes à genoux et nous rendîmes grâces à Dieu pour tous les bienfaits qu’il nous avait si libéralement prodigués, durant ces laborieuses courses, entreprises pour glorifier son nom et étendre son royaume sur la terre. Peu de temps après notre arrivée à Canton, nous reçûmes la visite d’un long Chinois, qui se présenta on qualité d’interprète officiel de l’administration. Après nous avoir débité, du mieux qu’il put, tout ce qu’il savait d’anglais, de français, de portugais et d’espagnol, nous lui dîmes que, s’il voulait bien se donner la peine de parler chinois, les affaires iraient plus rondement. Il ne voulut jamais s’y déterminer. Sous prétexte qu’il était interprète, le malheureux s’obstinait à jargonner un langage inintelligible. Nous lui demandâmes si