Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/485

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et, lorsque nous allions visiter notre petite France, car c’est ainsi que nous nommions la corvette, il nous semblait respirer l’air de la patrie et vivre au milieu de son atmosphère.

Un mois après notre arrivée à Macao, M. Gabet, oubliant ses infirmités et ses souffrances, et n’écoutant que son dévouement, monta sur un navire et partit pour l’Europe. Il avait à cœur d’exciter le zèle et la charité des catholiques en faveur de ces peuplades intéressantes de la Tartarie et du Thibet, pour le salut desquelles il eût si volontiers donné sa vie. Nous espérions bientôt revoir ce compagnon de nos fatigues, cet ami dont l’existence s’était, en quelque sorte, identifiée avec la nôtre. Mais telle n’était pas la volonté de Dieu. Un jour nous apprîmes la désolante nouvelle que cet infatigable et courageux missionnaire avait rendu le dernier soupir sur les côtes du Brésil. Pendant que nous étions parmi les neiges de la haute Asie et que nous cherchions avec tant de sollicitude à rappeler la chaleur dans les membres glacés de notre ami, nous étions bien loin de penser que Dieu avait marqué son tombeau sur les rivages brillants de l’Amérique du Sud.

Pour nous, après un assez long séjour à Macao, nous reprîmes la route de Péking, et nous parcourûmes la Chine pour la troisième fois. Nous avons dit dans nos Souvenirs de voyage comment le délabrement de notre santé nous avait forcé de rentrer en France, après avoir visité, sur notre route, l’Inde, l’Egypte, la Palestine et la Syrie.

Nous nous étions embarqué pour la Chine au commencement