Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/87

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Ces plans audacieux ne demeurèrent pas, comme chez nous, en état de spéculation ; car les Chinois sont bien plus hardis qu’on ne pense communément. L’empereur Chen-tsoung, séduit par les théories de Wang-ngan-ché, lui donna toute autorité, et la révolution sociale commença à s’opérer. Ssé-ma-kouang, qui avait longtemps lutté inutilement contre le novateur, tenta un dernier effort, et adressa à l’empereur une supplique remarquable, d’où nous allons extraire le passage ayant rapport à la distribution des grains qui devait être faite aux cultivateurs.

« On avance au peuple, dit Sse-ma-kouang, les grains dont il doit ensemencer la terre. Au commencement du printemps, ou sur la fin de l’hiver, on livre gratuitement aux cultivateurs la quantité qu’on leur croit nécessaire. Sur la fin de l’automne, ou immédiatement après la récolte, on ne retire que la même quantité, et cela sans intérêt. Quoi de plus avantageux au peuple ? Par ce moyen, toutes les terres seront cultivées, et l’abondance régnera dans toutes les provinces de l’empire.

« Rien de plus séduisant, rien de plus beau en spéculation, mais, dans la réalité, rien de plus préjudiciable à l’État. On prête au peuple les grains qu’il doit confier à la terre, et le peuple les reçoit avec avidité ; j’en conviens, quoique, sur cela même, il y ait bien des doutes à former, mais en fait-il toujours l’usage pour lequel on les lui livre ? C’est avoir bien peu d’expérience que de le croire ainsi ; c’est connaître bien peu les hommes que de juger ainsi favorablement du commun d’entre eux. L’intérêt présent est ce qui