Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les touche d’abord ; ils ne s’occupent, pour la plupart, que des besoins du jour ; il y en a très-peu qui se mettent en peine de prévoir l’avenir.

« On leur prête des grains, et ils commencent par en consommer une partie ; ils les vendent ou les échangent contre d’autres choses usuelles, dont ils croient devoir se munir avant tout. On leur prête des grains, et leur industrie cesse, et ils deviennent paresseux. Mais supposons que rien de tout cela n’arrive ; les cultivateurs ont semé le grain de l’Etat, et ils ont fait tous les autres travaux qui sont d’usage dans les campagnes ; vient enfin le temps de la récolte, il faut qu’ils rendent ce qui leur a été prêté.

« Ces moissons, que la cupidité leur fait envisager comme le fruit de leurs peines et de leurs sueurs, et qu’ils s’étaient accoutumés à regarder comme telles, en les voyant successivement pousser, croître et mûrir, il faut les partager, il faut les rendre en partie, et quelquefois en entier, lorsque les années sont mauvaises. Que de raisons pour ne pas le faire ! Comment pouvoir s’y déterminer ? Que de besoins réels ou imaginaires viendront s’opposer à une pareille restitution !

Les tribunaux, nous dit-on, ces tribunaux qu’on n’a établis que pour veiller à cette partie du gouvernement, députeront sur les lieux des officiers, et ceux-ci enverront leurs satellites pour exiger de force ce qui est légitimement dû. Oui, sans doute ; mais, sous prétexte de n’exiger que ce qui est légitimement dû, que de violences, que de vols, que de brigandages ne commettront-ils pas ! Je ne parle point des énormes dépenses