Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/20

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— Au moins, ma chère, prenez un repos de quelques heures avant de partir.”

— Il me serait tout à fait impossible de dormir, papa, je vous en prie, ne reculons pas notre voyage, je déteste cette ville, et je ne voudrais pas pour rien au monde passer une autre nuit ici.”

— Bon, bon, ma chère, nous ferons comme vous voudrez, mais si vous êtes fatiguée sur la route, aucune considération ne m’empêchera de m’arrêter, car je ne veux pas abîmer la précieuse santé de mon petit ange.”

— Vous êtes vraiment trop bon pour moi, papa, je ne mérite pas tant d’indulgence, mais, je vous en prie, faites ce que je veux pour une fois et ne nous arrêtons pas en route.”

— Bon, venez toujours déjeuner, William va aller commander la voiture, pour six heures et demi.”

Pour ajouter à la cruauté de ma situation, je ne trouvai aucun moyen de parler à William, dont je voyais clairement le dépit et le désappointement. Nos regards se rencontrèrent plusieurs fois, et parlèrent pour nous, plus que les mots auraient pu le faire.

Nous dînâmes à Chantilly, et arrivâmes dans la soirée à Lazarges, où mon père voulut s’arrêter pour la nuit.

— Je vous en prie, cher père, ne nous arrêtons pas, je serai beaucoup moins fatiguée de continuer le voyage que de nous arrêter ici, où nous ne trouverons que de mauvais lits.”

— Mais, ma chérie, nous avons encore huit heures