Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/31

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vertu à un homme que tu ne connaissais pas ! Hélas à quoi serviront tes larmes ? changeront-elles ta situation ? cela te rendra-t-il ce que tu as perdu pour jamais ?”

Au contraire elles peuvent détruire ta beauté et t’empêcher de jouir de ces plaisirs qui sont devenus indispensables à ton existence.

Allons, Eveline debout, reviens à toi, dédaigne le misérable, laisse-le se repaître de plaisirs vulgaires avec sa basse complice ; ton mépris le punira suffisamment, la privation de tes présents lui apprendra à apprécier la femme qu’il a lâchement sacrifiée ; il y a d’autres hommes plus dignes que lui pour prendre sa place. Mais si il fait connaître nos relations, si il publie ma faute, si lui et sa complice parlent de ma condescendance !… Ils n’oseront pas, ils seraient punis comme calomniateurs. Je suis trop puissante, trop riche, pour craindre la vengeance de quelques domestiques, je les traiterai comme si rien ne s’était passé, comme des inférieurs, mais je saisirai la première occasion pour me débarrasser d’eux.

Ma résolution prise, je leur parlai le lendemain avec le ton et l’autorité d’une maîtresse, et j’évitai soigneusement de rester seule avec mon séducteur, assistant à tous les amusements offerts par la capitale, et fermant ma porte au verrou chaque soir. Environ quinze jours après je fis part à ma mère des soupçons que j’avais conçus sur la conduite de William et de Mary, et lui demandai de les renvoyer, sans explication, sous prétexte du scandale qu’ils pourraient causer. Elle y consentit, et ils