Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/30

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Deux millions et demi ! quelle fortune ! Chacun essayait de se faire bien venir par un bon mot, un jeu d’esprit, une flatterie ! Hélas ! l’héritière restait insensible à toutes ces brillantes flatteries, leur mérite était trop délicat pour être remarqué et apprécié par moi. Je riais cependant à leurs saillies, souriais à leurs réparties à leurs compliments.

Chacun se croyait le favori, et l’indifférente Eveline, retournait avec délices dans les bras d’un simple valet.

Il y avait environs deux mois, que notre liaison durait, et j’étais de plus en plus attachée à William, quand je crus m’apercevoir qu’il avait une autre intrigue. La dernière semaine il n’était venu me voir que trois fois, était seulement resté une demi-heure chaque fois.

Je l’observai adroitement, et découvris bientôt une secrète intelligence entre lui et ma femme de chambre. Pour me convaincre, et en même temps pour le confondre de sa basse trahison, je me cachai une nuit, dans l’angle du corridor, et je le vis distinctement quitter la chambre de Mary, vers les trois heures du matin. Comme il passait devant moi, je lui murmurai :”

— C’est bien, je sais ce que je voulais savoir et je m’enfuis dans ma chambre où je m’enfermai me jetant sur mon lit dans une crise de désespoir.

Malheureuse Eveline ! être la maîtresse dédaignée d’un valet de basse extraction, être abandonnée pour ta femme de chambre, te voir le rebut de ton domestique, misérable fille : tu as sacrifié ta