Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/35

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Une consultation fut tenue au sujet de ma maladie, les savants médecins tâtèrent mon pouls, secouèrent leurs têtes, déclarèrent que j’avais une fièvre lente, et m’ordonnèrent des sinapismes aux pieds, et de la quinine. La quinine augmenta la violence de mes étourdissements, et les sinapismes ne firent qu’irriter mon sang. Les plus célèbres docteurs vinrent deux fois par jour, et touchèrent chaque fois leur quarante francs. Ces savants docteurs déclarèrent que la persévérance seule, dans les remèdes prescrits, amèneraient la guérison, mais cette guérison, au grand bénéfice de la poche de ces messieurs, se fit longtemps attendre.

Mon père devint sérieusement inquiet et me proposa de faire venir de Londres, le médecins les plus célèbres de la faculté. Je lui demandai seulement d’envoyer chercher mon frère, que je n’avais pas vu depuis quelque temps, et dont la présence me distrairait en me rappelant mes jeux et mes plaisirs enfantins. Thompson, notre cocher, fut immédiatement envoyé à Dieppe avec la voiture de voyage et avec ordre de louer un bâteau. S’il n’y avait pas de bâteau prêt à partir, de laisser la voiture à Dieppe et à son arrivée à Brighton d’aller en toute hâte à Eton, et de ramener mon cher Frédéric avec toute la rapidité possible.

Pendant ce temps les docteurs trouvant que ma guérison se faisait attendre, m’ordonnèrent de prendre un bain froid, comme si un bain froid pouvait guérir une jeune fille de seize ans, qui était privée d’homme. Cinq fois cependant je me