Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/48

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loges, tout le monde le félicitait, l’applaudissait ; mes parents, fiers du succès de leur fils, triomphaient, et au milieu de ces louanges je regardai le duc de M*** qui se mordait les lèvres de dépit.

— J’étais enchantée que le cher enfant eût par deux fois donné une leçon à la vanité du noble duc.

On se prépara alors à danser, et ayant promis à celui-ci le premier quadrille, je choisis pour partenaire mon frère et Mademoiselle de R… une élégante danseuse, pensant que là encore mon cher Frédéric brillerait au détriment du grand seigneur, ce qui ce manqua pas d’arriver car on eût pu opposer aux grâces du danseur chez le duc, l’élégance et le charme d’un gentlemen dans les manières de mon petit frère.

Ce soir-là, lorsque nous nous fûmes retirés dans notre chambre ; Frédéric, jaloux des attentions que le duc de M*** avait pour moi, me fit des reproches de m’être laissée ainsi accaparer par lui. Mais je lui expliquai que le noble duc de M*** était un des fervents adorateurs, dont je m’amusais, sans les prendre au sérieux, et que du reste si quelqu’un avait à se plaindre, c’était certainement le duc qui avait été blessé dans son amour-propre. Frédéric m’ayant assuré que rien ne pouvait lui être plus agréable que de déplaire au duc de M***, je le persuadai de venir à un assaut d’escrime qui devait avoir lieu le dimanche suivant, aux Variétés, et auquel celui-ci, renommé comme fin tireur, devait prendre part. — Je vous en prie, mon cher ami, ajoutai-je, faites voir que la Tamise peut pro-