Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/8

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et toutes les régions, de la terre. L’Arithmétique, la géométrie, la botanique, l’histoire naturelle, et les éléments de la chimie même n’avaient plus de secrets pour moi.

À cet âge où les jeunes filles anglaises sont encore en bouton, j’étais déjà une femme parfaitement formée et une des plus belles qui aient jamais traversé la Manche. Que le lecteur s’imagine une jeune fille de moyenne taille, mince comme une sylphide, dont le cou, les mains, les bras, égalaient en perfection, si elles ne les surpassaient pas, ceux de la Vénus de Médicis ; des seins blancs d’un contour adorable, fermes comme des pommes et brûlant d’un feu ardent de désirs ; qu’il se représente tout cela éclairé par deux yeux lumineux, plus bleus que l’azur du ciel, ombragés par des sourcils sombres et arqués, un nez qui descendait d’un front uni, des lèvres purpurines semblables à deux pétales d’une rose nouvellement éclose ; un menton fin et délicat finissait l’ovale de la figure, dont les joues rosées annonçaient la brillante santé. Des cheveux châtains souples et brillants tombaient en boucles découvrant parfaitement le front élevé ; si à cela on ajoute un pied et une jambe faisant l’envie de toutes les femmes, ou aura une légère idée de l’auteur de ces mémoires.

Mon frère, un garçon de quatorze ans, étant à Eton, mes parents résolurent de me conduire à Paris pour y faire mon éducation pendant un couple d’années ; en conséquence nous partîmes donc de Douvres le 5 Mai 18… sur la Louise, paquebot