Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/12

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résolus, par exemple, à brûler jusqu’à leur suprême cartouche avant que de se rendre. Ce n’est point par métaphore que je m’exprime ainsi, car il est certain, aujourd’hui, que c’est plutôt une affaire de coups de fusil que de raisonnement.

Sur ce sujet, on a écrit d’ailleurs bien assez de livres de toutes sortes : romans, brochures, pamphlets, réquisitoires, où la passion, les sophismes, le sacrilége, la calomnie, l’ignorance, ont toujours tenu la plus large place ; où la vérité, pour ou contre, a été reléguée en de si petits coins, qu’on l’aperçoit à peine.

La bonne foi a manqué aux défenseurs entêtés comme aux antagonistes de l’esclavage.

Ces mensonges, en partie double, ont été incontestablement la principale cause à laquelle il faut attribuer la lente dissolution de l’esclavage. Et, en ce moment même encore, les croisades qui se prêchent dans l’Amérique du Nord contre cette institution, les assauts énergiques que lui donne l’armée des pamphlétaires, des romanciers, des polémistes, des législateurs, des journalistes, des sectes religieuses et des associations négrophiles, sont autant de maladresses, de calomnies, d’injustices, d’hypocrisies qui enveniment la question, prolongent la lutte, la rendent plus redoutable, et, finalement, ajournent la solution totale du problème.

Prendre parti, dans cette mêlée, pour ou contre, c’est s’exposer aux reproches de partialité que je viens de dire.

À quoi bon ? alors surtout que de pareilles expéditions sont sans but. On aura beau vouloir résister à l’entraînement, l’esclavage est une institution condamnée par la civilisation et par l’humanité. C’est un mot à rayer du dictionnaire de la langue des sociétés modernes. Malheureusement, ce qu’il en reste ne disparaîtra que devant les coups de fusil de la révolte, de la guerre civile ou des ré-