Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/205

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III


Depuis environ deux heures, la maison était close ; le plus complet silence régnait à l’intérieur comme à l’extérieur : on n’entendait guère que le pas lent et lourd des nègres veilleurs faisant leur ronde nocturne.

Une jeune négresse nommée Rosillette, qui depuis un moment épiait, l’oreille collée à une fenêtre du rez-de-chaussée, quelque signal convenu, ouvrit tout à coup un pan de la croisée sur le rebord de laquelle s’appuya un nègre d’une quarantaine d’années.

— Est-ce fait, papa Jean ? demanda vivement la jeune négresse.

— Oui, répondit le nègre, j’ai tout ce qu’il faut.

— Entrez, alors, murmura Rosillette en battant des mains avec joie.

Papa Jean (les nègres donnent ce titre, on sait, à tout nègre ou mulâtre qui exerce de l’autorité ou une certaine influence sur eux) ; papa Jean, dis-je, enfourcha la croisée, introduisit à sa suite un assez volumineux paquet qu’il avait déposé au dehors, puis il s’appuya contre un meuble et attendit.