Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/217

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Le postillon ou calesero chargé de conduire cet équipage, attelé généralement d’un seul cheval, est, autant que possible, et presque toujours, un nègre du noir le plus irréprochable. Son costume, d’une richesse assez pittoresque, se compose d’une veste ronde flottante sur les reins, ouverte par devant et brodée de galons d’or sur toutes les coutures ; sa tête crépue est ornée d’un chapeau en feutre noir, aux bords relevés, et entouré d’un cordon d’or au bout duquel pendent deux glands. De longues guêtres en cuir noir verni lui descendent du milieu de la cuisse au cou-de-pied, où elles s’échancrent pour laisser voir la peau rivalisant de verni avec le cuir. Le pied est chaussé d’un soulier fin sans talon, auquel est noué un éperon court. Les guêtres, s’ouvrant un peu en entonnoir au-dessus du genou, sont serrées le long de la jambe et fermées sur le côté extérieur par des boucles pareilles au métal dont sont faits les ornements de la voiture et les harnais. Le postillon, ganté de noir, tient à la main un fouet court, au manche richement ciselé.

André passa de l’étonnement à l’admiration, en examinant tous les détails de la luxueuse volante, où il se sentait d’autant plus mollement bercé que le sol des rues de la Havane se compose tout simplement d’une couche de fine poussière d’un pied au moins d’épaisseur.

— À qui donc appartient cette volante ? demanda André à son mayoral.

— Mais à vous, Excellence. Je l’ai achetée sur les ordres de votre intendant qui a pensé, avec raison, que Votre Seigneurie ne pouvait pas, dût-elle ne rester, que vingt-quatre heures à la Havane, marcher à pied, ou aller en voiture de louage.

— Mon intendant est un homme de précaution, pensa André.

Cette délicatesse ne laissa pas que de donner au jeune