Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/289

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À la première, comme à la seconde, comme à la troisième question, Tobine ne répondit rien.

L’alguazil-mayor était ravi.

— Tu avoues donc ? demanda-t-il.

L’esclave resta muette ; mais se penchant vers José elle lui glissa ces mots :

— Je vais mourir ; ainsi, quoi qu’il arrive il est inutile que vous parliez à personne du rendez-vous de la Puerta de Tierra.

Puis cela dit, elle se prit à sangloter, et suivit le cortége qui l’emmena à la prison de la ville, au milieu des huées et des anathèmes de la populace.




Le marquis Daguilla ne fut appelé au procès que pour constater l’identité de son esclave. Il ne put se détendre d’une profonde émotion en voyant devant lui Tobine, calme et résignée, attendant la mort et décidée à la subir, sans qu’il comprît bien exactement quels étaient les motifs et le sentiment qui excitaient la jeune mulâtresse à affronter son sort avec tant de soumission.

Aussi jusqu’au dernier moment craignait-il que par un retour soudain, Tobine ne se démentit et n’avouât qu’elle avait pu être la messagère et la complice du déshonneur de la marquise, mais non pas l’auteur de l’assassinat de M. de Laverdant.

Mais cette idée que l’honneur d’Antonia et de son nom à lui était attaché à une révélation de la pauvre esclave, allégeait le poids dont sa conscience souffrait, et il avait hâte d’apprendre le dénoûment de ce drame, que la