Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/6

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mer se ressent donc profondément de cette étrange différence entre des visages plus ou moins foncés. Du nord au sud, de l’ouest à l’est de ce vaste hémisphère, par quelque côté qu’on y aborde, île ou terre ferme, le premier spectacle qui frappe l’esprit est cette délimitation entre les races, ayant chacune ses mœurs, ses habitudes, ses antipathies, ses préjugés, ses superstitions, et vivant isolément dans le même milieu ; c’est à la longue qu’on aperçoit les chaînes qui les rattachent, et qu’on reconnaît le point où leur existence se confond et devient une.

C’est ce qui explique comment, tout en voulant peindre dans des ouvrages séparés ces mœurs diverses, j’ai mêlé forcément en des actions communes ces deux races antipathiques l’une à l’autre : la race des blancs et celle des noirs, destinées à vivre côte à côte, en haine et en guerre, et se donnant cependant, chaque jour, des témoignages réciproques d’affection et de dévouement.

Dans le volume intitulé les Femmes du Nouveau-Monde, à part quelques récits que je rétablirai plus tard dans leur cadre véritable, j’ai indiqué les bases exactes de la société américaine ; le thème choisi me permettait de pénétrer plus avant dans les délicatesses de la vie privée, et de mettre davantage en lumière les éléments qui rapprochent les deux races par l’éducation et par des sentiments nés de leur antagonisme même.

Ces causes de sympathie et de discorde se retrouvent plus développées et plus indiquées dans les Peaux-Noires et dans les Peaux-Blanches. Les luttes de la vie domestique américaine se produisent là sous la forme du drame. J’y ai tâché du moins.

Ces trois ouvrages se lient aux autres par des points que je dois indiquer. La politique des États du Nouveau-Monde se compose de deux éléments essentiellement contradictoires : — la Liberté, — l’Esclavage, —