Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
VOYAGE À VÉNUS

J’observai que, dans la loge qui avoisinait nos places, on discutait sur le mérite de la pièce nouvelle et sur le jeu de ses interprètes. J’en fus assez surpris, quand je vis surtout la part que prenaient les dames à ces appréciations.

Mélino me fit remarquer que rien n’était plus naturel que de causer de la pièce commencée.

— C’est vrai, lui répondis-je, mais aussi rien de plus rare chez nous : les messieurs, causent Bourse ou politique, au fond de la loge ; et, devant eux, les dames, tout en prenant mille attitudes gracieuses à l’intention du public, tiennent à peu près ce langage :

« — Madame Z… est très-bien dans le rôle de la comtesse, sa toilette est très-élégante ; seulement je n’aime pas beaucoup cette écharpe rose avec cette robe fond bleu.

« — Ni moi : je la préférais dans la pièce qu’on a représentée le mois dernier, et dans laquelle elle portait une robe grenat avec des volants noirs et des manches pagodes. On m’a dit qu’à l’acte qu’on va jouer, elle aura une robe de satin cerise avec un corsage noir garni de guipures et trois mètres de queue.

« — Par exemple, elle est admirablement coiffée,