et à ses caprices un essor d’autant plus violent qu’on l’a depuis plus longtemps comprimé.
Célia était bien loin de subir cette contrainte et d’affecter cette timidité maniérée, dont la candeur apparente n’exclut pas les recherches de la coquetterie, les satisfactions vaniteuses et les dénigrements jaloux. Elle avait passé toute sa jeunesse auprès de sa mère, au lieu d’aller dans ces grands pensionnats où l’on défait l’éducation des demoiselles.
— Tu veux dire où l’on fait, interrompit Muller.
— J’ai dit le mot qui traduit ma pensée. Quelle est, en effet, mon cher, l’œuvre des pensionnats à la mode ? Une jeune fille a été élevée dans la sainte simplicité de la vie de famille, par l’affection vigilante d’une mère qui s’est complue à orner son cœur des plus chastes et des plus nobles sentiments. L’amour de Dieu, les affections de famille, la droiture, la charité ont été enseignés à cet enfant, — non pas en leçons dogmatiques prononcées du haut d’une chaire pédante, et apprises par l’élève comme un de ces devoirs de récitation qui passent par la mémoire sans qu’il en reste rien à l’esprit ni au cœur, — mais dans l’intimité du foyer et la douce expansion des causeries maternelles. Ainsi formée par la tendresse et le dévouement, cette jeune fille entre dans une de ces usines à éducation qu’on