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VOYAGE À VÉNUS

coquettes minauderies. Chez elle, aucune grâce étudiée, aucun sourire factice, mais une simplicité parfaite et une candeur angélique qui laissaient voir toute son âme, comme on voit une gemme dans le cristal d’une eau limpide.

Elle aimait son père d’une affection vraie, profonde, et non avec cette sentimentalité démonstrative qui ne se manifeste qu’en public et par toutes sortes de mignonnes appellations. Quant à sa pauvre mère, qu’elle avait perdue depuis environ deux années, Célia conservait religieusement, au fond de son cœur, son image rayonnante d’une céleste clarté : c’était l’inspiratrice de ses pensées, l’ange gardien de sa destinée.


Vous devez bien penser qu’à vingt-cinq ans, et, le cœur doucement amolli par les tièdes influences du climat vénusien, je dus subir le charme de tant de perfections. Surpris d’abord comme par une vision céleste, j’éprouvai un sentiment d’admiration qui peu à peu se métamorphosa en un ardent amour. Mon regard ne pouvait se détacher de cet adorable visage, qui semblait croître en attraits à mesure que je le contemplais, car il en est de l’amour comme de toutes nos émotions, elles n’éclatent jamais soudainement dans leur intensité complète : on ne sa-

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