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VOYAGE À VÉNUS

anticipation une place d’honneur à certaines d’entre elles.

Ce qui me frappa surtout dans cette exhibition, ce fut le spiritualisme de l’art vénusien, soit dans les tableaux, soit dans les statues. L’art n’est-il pas, en effet, l’idéal s’adressant à l’imagination par les sens, et ce qui fait l’éternelle beauté des statues de l’antiquité, n’est-ce point, avant tout, cette noble préoccupation qu’a eue l’artiste de représenter, sous des noms de dieux ou de déesses, les passions mêmes de l’humanité ? Nous n’avons plus guère hélas ! cette hauteur de conception, nous visons à la ressemblance exacte, nous multiplions les bustes et les portraits, et, de cette façon, loin de reproduire le beau idéal, nous reproduisons outre mesure le laid matériel. Que voulez-vous ? L’Art était autrefois noble, pur et beau, mais pauvre ; il s’est prostitué à l’Industrie, l’a épousée pour son argent, et de ce honteux mariage ne peuvent naître que des produits dégénérés.

Je fis part à Mélino de ce fâcheux caractère de nos expositions, et du prosélytisme que s’efforce de faire bruyamment l’école réaliste.

— Je ne comprends pas, dit mon hôte, que des esprits élevés puissent sérieusement professer de telles doctrines ; comme si, soit en peinture, soit en