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VOYAGE À VÉNUS

statuaire, soit en littérature, l’art n’était qu’une plate reproduction de la réalité vulgaire et triviale ! non assurément : il en est la quintescence, et on l’en tire, comme on extrait la liqueur exquise du marc grossier que distille l’alambic.


Je vis avec plaisir que chaque œuvre de cette exposition mentionnait, sur son socle ou son cadre, le nom de l’artiste et le sujet qu’il avait représenté.

— Ici, dit Léo, le livret nous donne ces indications.

— Mais encore faut-il avoir le livret ! Et, dans ce cas même, vous m’avouerez qu’il est fort incommode et agaçant d’avoir à le feuilleter à chaque pas. Aussi, les plus patients laissent-ils la plupart des tableaux sans déchiffrer l’énigme de leur sujet, et ne consultent-ils leur livret que lorsqu’un groupe stationnant auprès d’une œuvre d’art les avertit qu’elle est remarquable. Alors seulement, ils l’examinent avec attention, augmentent le groupe des admirateurs, et, à leur tour, en attirent d’autres. D’ailleurs, je le répète, tout le monde ne le possède pas ce précieux indicateur, et, comme pour beaucoup d’autres choses, ceux qui ne l’ont pas, sont ceux-là mêmes qui en auraient le plus besoin. Le riche qui l’achète pourrait à la rigueur s’en passer, l’instruc-