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VOYAGE À VÉNUS

quence qui grondent et glissent sans entraîner aucune conviction, comme ces longs et chaleureux discours qui ont la prétention de convaincre des gens qui ne veulent pas être persuadés.

L’assemblée vénusienne était exempte de tous ces partis pris des ambitions satisfaites et des ambitions à satisfaire. L’auditoire écoutait avec une attention calme et consciencieuse. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’il examinait les propositions en elles-mêmes sans s’inquiéter le moins du monde si l’initiative en était due à tel ou tel personnage. Est-ce que le fruit qui mûrit au soleil s’inquiète de savoir si les rayons dont il reçoit la bienfaisante influence viennent de l’est ou du couchant ? il profite de tous, et se développe plus vite et bien mieux.

Quoique dans la séance à laquelle j’assistai on ne s’occupât que d’une discussion d’affaires, j’observai que tous les représentants s’y étaient rendus avec cette exactitude qui est la politesse des rois et la probité des mandataires. Chez nous, hélas ! on n’est guère assidu et attentif qu’aux séances où les coryphées des partis tiennent la scène, et se mettent réciproquement en cause. Hors de là, point d’intérêt : l’hémicycle zébré de banquettes offre partout des vides affligeants, et les quelques députés présents vont, viennent, causent et rient, comme des écoliers

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