cœur le goût du bon et du juste (deux éducations qui, si elles diffèrent par leur objet, se complètent et se fortifient l’une par l’autre) : nous nous adressons à l’intelligence plutôt qu’à la mémoire. Dans vos institutions, vous leur faites apprendre par cœur une énorme quantité de vers et de prose des auteurs les plus différents. Par malheur, tout cela traverse leur esprit comme une cargaison de sucre traverse la mer, fatiguant les flots sans y laisser ni trace ni saveur. Nous avons en horreur cette récitation machinale, ce perroquétisme, permettez-moi l’expression, dont vous abusez tant dans vos colléges. Nous préférons de beaucoup que l’élève, au lieu de disséminer son attention sur une infinité d’ouvrages, se pénètre à fond d’un petit nombre, en les soumettant à une analyse détaillée. Et, pour ce travail, nous n’imitons pas certains professeurs qui se complaisent dans l’enseignement doctoral, souvent sans doute très-érudit, très-disert, mais rarement écouté par l’élève dont l’attention papillonne sans cesse sur mille objets divers ; nous exigeons de lui, non pas qu’il retienne des observations toutes faites, mais qu’il les fasse lui-même : nous lui demandons ce qu’il pense de telle expression, de tel sentiment, de telle période ; nous lui faisons composer sur un morceau litté-
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Apparence