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VOYAGE À VÉNUS

tyrannie de l’amour, qui ainsi évoque obstinément dans nos entretiens, nos lectures, nos travaux les plus divers, l’image charmante de la femme aimée !

Pour mon compte, je laissais avec délices couler mes pensées sur cette douce pente qui les ramenait sans cesse à ma chère Célia ; et, peu de jours après ma visite au collége, comme je l’entendis chanter dans le salon, en accompagnant sa voix délicieuse d’un son velouté de piano, je ne pus résister au désir d’aller l’entendre.

Le salon, mollement éclairé par la rare clarté qui filtrait des stores roses soigneusement tirés, respirait je ne sais quelle langueur voluptueuse, et Célia ne m’avait jamais paru si belle que dans le doux mystère et les tendres reflets de ce demi-jour.

— Veuillez me pardonner, lui dis-je, si je viens ainsi troubler votre solitude, mais les charmes de votre chant m’ont invinciblement entraîné…

— Je n’ai rien à vous pardonner, fit-elle avec une grâce extrême, et l’hôte de mon père ne peut encourir ici aucun reproche d’indiscrétion. Merci, au contraire, de votre visite ; et puisque vous preniez plaisir à l’air que je chantais, je vais le recommencer.

Elle redit sa romance, tandis que suspendu à ses