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Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/241

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VOYAGE À VÉNUS

lèvres, j’admirais de toute mon âme la suave limpidité de sa voix et surtout l’émotion sympathique de son chant.

— C’est ravissant ! m’écriai-je ; je n’ai jamais entendu chanter ainsi !

— Prenez garde ! me répondit-elle en souriant. Selon toute probabilité, vous calomniez les habitantes de la Terre, et ce n’est pas généreux, car il me serait difficile de vérifier vos comparaisons.

— Vous pouvez les croire sincères. Assurément, les belles indigènes du globe sublunaire que j’ai quitté ont parfois des voix magnifiques, mais c’est surtout leur façon de chanter qui me déplaît. Un de nos poëtes a dit :

 
L’esprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a.
 

Il en est de même de la beauté, de la grâce et de la voix. Chez nous, la prétention gâte toute chose, et malheureusement elle semble croître en raison de l’éducation qu’on a reçue et de la position sociale qu’on occupe. Une femme du monde ne voudrait pas chanter comme une pauvre ouvrière, pas plus qu’elle ne voudrait porter sa toilette simple et bienséante ; mais comme, en définitive, la fortune ne fait pas l’ampleur de la voix, la grande dame est