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VOYAGE À VÉNUS

pourprée, tantôt les ombres mouvantes du feuillage glissaient sur ses traits, ou bien le frais clair-obscur d’un ombrage plus épais leur prêtait je ne sais quelle grâce plus calme et plus suave, en les baignant de ses reflets amortis.


— Comme le ciel est beau ! murmura la jeune fille, comme l’air est doux et embaumé !

— Oui, Célia, lui dis-je, tout est enchantement dans cette radieuse soirée ! Mais, si puissant que soit le prestige de ses splendeurs, il n’est rien auprès du charme que je ressens à les admirer avec vous ; elles sont le cadre magnifique, mais vous êtes l’image adorée sur laquelle se concentre toute la volupté de mes contemplations. Le reste semble seulement s’associer à mon bonheur et conspirer à l’exalter en mon âme : l’eau limpide du lac paraît ouvrir d’elle-même passage à notre barque et nous bercer complaisamment de ses molles ondulations ; la brise du soir souffle pour enfler notre voile et rafraîchir nos fronts ; c’est pour nous que le ciel déploie sa tente de pourpre, pour nous que les fleurs exhalent leurs parfums et que le feuillage s’illumine d’étoiles d’or ; il accompagne notre entretien de son murmure sympathique, et, perdu dans les touffes fleuries, le