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VOYAGE À VÉNUS

sentiment de mon échec et d’une blessure faite à ma vanité.

» Vous ne m’outragez, en aucune façon, en me disputant la main de Célia ; et m’eussiez-vous réellement fait outrage, que ce genre de réparation, qui consisterait à me donner un coup d’épée par-dessus le marché, me paraîtrait au moins singulier. Je ne conçois pas, je vous le répète, qu’il puisse exister un pays où se rencontrent de tels préjugés.

» Quel genre de satisfaction un cartel peut-il donc offrir à l’offensé ? Direz-vous que ce dernier se relève aux yeux de l’opinion de l’injure faite à son honneur et la dément, en quelque sorte, par son courage à exposer sa vie ? Mais une telle réhabilitation est inadmissible. On ne se lave pas d’une imputation outrageante par le péril couru dans un combat, et l’on peut être un drôle et un fripon tout en faisant bon marché de sa vie. Le brigand de grand chemin expose bien plus son existence que l’ouvrier ou le laboureur, et personne cependant n’a jamais été tenté de trouver son métier plus honorable.

» Ici, nous avons une façon plus logique et moins barbare de donner réparation d’un outrage. Un jury d’honneur, élu tous les dix ans par les habitants

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