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VOYAGE À VÉNUS

puis longtemps les prédispositions de la jeune fille aux maladies de poitrine, lui avait souvent prescrit d’éviter avec le plus grand soin toute cause de refroidissement. Malheureusement, elle avait eu l’imprudence d’oublier ses conseils pour céder à l’attrait de notre excursion.

La terrible maladie qui couvait en elle, et qu’une hygiène sévère aurait pu seule conjurer, éclata alors avec une violence irrésistible. En dépit des soins les plus attentifs, les plus affectueux, Célia déclinait chaque jour… ses joues se creusaient, et ses yeux, illuminés d’un éclat fiévreux, s’entouraient d’un cercle bistré qui se nuançait d’une teinte de plus en plus foncée.

Pour expliquer cette prostration toujours croissante, le docteur trompait notre tendresse par de bienveillants mensonges : tantôt c’était une journée trop chaude qui produisait un accablement passager, tantôt la fraîcheur d’une nuit ; c’étaient aussi les nuages, le vent, la pluie… c’était tout — hors la véritable cause — l’inexorable maladie.

Un jour, nous fûmes cruellement impressionnés en voyant tout à coup une lividité terreuse se répandre sur le visage de la pauvre malade ; ses lèvres tuméfiées devinrent violettes, ses yeux perdirent cette fixité d’éclat qui révélait l’angoisse et