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VOYAGE À VÉNUS

la concavité sphérique du ciel passant, par zones successives, à des tons de plus en plus clairs et vifs pour s’embraser de teintes purpurines, orangées, et se terminer, vers le fond, en une profusion de jaune éblouissant, parsemé de longs nuages noirs, semblables à des îles fantastiques dans un océan d’or fondu.


Si mon âme se dilatait d’extase devant ces magnificences, en revanche, mon corps souffrait assez cruellement des conditions où le plaçait une élévation jusqu’alors inexplorée : il avait peine à respirer et grelottait sous les étreintes du froid. Je dus songer à faire de l’air et de la chaleur.

— De quelle façon ? dit Muller.

— Tu peux bien penser, mon cher, qu’on n’entreprend pas un voyage comme celui de Vénus sans faire ses provisions ; et comme l’air et la chaleur devaient me manquer dans le vide, j’avais eu soin de me prémunir à cet égard. Pour cela, je m’étais fait une sorte de cage d’épais cristal dans laquelle je pouvais fabriquer chimiquement de l’oxygène et de l’azote. Cette cloison descendait jusqu’au bassin destiné à recevoir l’eau des cônes tronqués, car, projetant un voyage hors de l’atmosphère, je devais