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VOYAGE À VÉNUS

encore les conquêtes les plus vastes, les plus durables, et cela sans qu’il en coûte une goutte de sang !

« L’invasion pacifique des idées : voilà la vraie conquête, les paroles et les écrits : voilà les véritables armes de l’humanité. Nous l’avons enfin compris après une longue et déplorable série de luttes sanglantes. Toute notre planète ne forme, en quelque sorte, qu’une seule nation, n’ayant qu’une seule religion, une seule législation, un seul système de mesures et de monnaies, et ne parlant qu’une seule langue. Seulement, il n’y a pas de gouvernement centralisateur : le territoire est divisé en un grand nombre de provinces qui, se gouvernant elles-mêmes, empêchent ainsi la vie intellectuelle et politique de se retirer de leur sein. Si quelque trouble se manifeste dans leurs relations respectives, l’affaire est portée devant un conseil suprême composé des élus de chaque province, et le différent est réglé avec autant de facilité que le serait en France un conflit entre deux départements.

« À côté des guerres extérieures que suscitaient les rivalités nationales, la politique et la religion ont causé bien des luttes intestines. Rendant de nombreuses années, au lieu de se soumettre à la volonté de la nation, exprimée par le suffrage de

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