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VOYAGE À VÉNUS

souverains ambitieux enflammaient leurs peuples, sans souci du sang répandu et de l’or dépensé, n’a jamais produit de résultats durables. La force des choses, contre laquelle s’épuisent en vain le génie d’un homme et le courage d’une nation, amène fatalement le démembrement des grands empires. Les mœurs des différents peuples qu’on a voulu confondre étant hétérogènes, et ceux d’entre eux qui sont placés aux extrémités de ces vastes corps de royaumes se trouvant trop éloignés du centre pour en recevoir la vivifiante influence, tôt ou tard les diverses nationalités se recomposent, comme ces liquides de densités diverses qu’on peut mêler un instant en agitant le flacon qui les contient, mais qu’on voit bientôt se séparer, et reprendre chacun leur place et leur couleur respectives.

« Vous avez pu voir l’exemple de ces vicissitudes inévitables dans l’histoire de l’empire d’Alexandre et de l’empire romain que vous m’avez racontée. La destinée du grand homme qui avait conquis presque toute votre Europe le démontre encore. Il y a sur son tombeau deux glorieux insignes : une épée et un livre ; ce que gagna l’épée est perdu, quant au livre, toutes les nations, m’avez-vous dit, l’adoptent successivement pour être régies par lui ; d’où il résulte que c’est le livre qui a fait et qui fait