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Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/85

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VOYAGE À VÉNUS

bien du prochain, se livrèrent à des captations sans nombre, et ne firent vœu de pauvreté que pour empêcher, par tous les moyens, qu’il ne vint à s’accomplir ; enfin, il avait exalté les faibles et combattu les ambitieux, et ceux qui prétendaient le représenter enseignèrent que, si les rois pouvaient gouverner leurs peuples, ils devaient, eux, gouverner les rois, but suprême qu’ils atteignirent en effet.

« Au bout de quelque temps, leur domination s’évanouit, les rois secouèrent le joug théocratique, puis, les peuples en firent autant à l’égard des rois, ou, du moins, à l’égard des rois absolus.

« Mais la masse du peuple, qui marquait ainsi son avènement au pouvoir, contenant plusieurs classes, la classe noble et riche s’empara d’abord du gouvernement, et se divisa elle-même en groupes rivaux qui, tour à tour, se disputaient le gouvernail de l’État. Cette soif du pouvoir était le vrai mobile de toutes leurs discussions, ou plutôt de toutes leurs plaidoiries politiques, car les gens qui péroraient avec le plus d’énergie n’avaient au fond que des convictions d’avocat, et désiraient triompher de leurs adversaires beaucoup moins pour une substitution de théories gouvernementales que pour une substitution de personnes. Les rôles étaient intervertis, mais la comédie restait la même.