Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
VOYAGE À VÉNUS

voie toujours une flamme. On n’est surtout pas offusqué par le rayonnement ophtalmique de ces grands miroirs concaves, avec des becs de gaz au foyer, soleils de réclame que l’industrie place au devant des maisons, et dont l’éclat vous avertit, en vous crevant les yeux, qu’il y a là un café ou un magasin de confection.

En traversant une place, nous avisâmes un télescope braqué sur les étoiles, et attendant l’œil d’un observateur. Beaucoup de gens se tenaient auprès, mais ils ne regardaient que l’énorme lunette, et c’est en vain que l’astronome en plein vent épuisait ses poumons à s’écrier : — « Qui veut voir la Terre ? Elle est particulièrement visible à ce moment de l’année. L’observation est curieuse ! »

Il fut plus heureux avec moi.

Notre planète, qui me parut environ vingt fois plus grosse que nous ne voyons la Lune, présentait, comme forme, l’aspect de cet astre lorsqu’il nous montre les trois quarts de son disque. Seulement, au lieu de se découper brusquement dans une obscurité profonde, l’échancrure s’effaçait dans une dégradation de lumière rougeâtre produite par la réfraction crépusculaire. Les deux pôles avaient chacun une calotte d’une blancheur éclatante. Au-dessous du supérieur, s’étendait une large tache