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LE DOLOPATHOS ET LA FÉERIE DES CYGNES BLANCS

et accompagna toujours un de ses frères. Celui-ci fut le chevalier du Cygne, « preux et de grand savoir », dit notre auteur, et qui hérita du duché de Bouillon. Ce détail nous met en présence d’une tradition lorraine, puisque les Bouillon étaient lorrains, et il est permis de supposer que le moine Jean le transmit à Herbers. Ainsi se trouva chantée l’origine féerique de Godefroy de Bouillon, que perpétuent des légendes lorraines, comme les légendes poitevines perpétuent celle des Lusignan.


III

LA LÉGENDE DES CYGNES


La popularité des légendes où les cygnes jouent un rôle mystérieux fut immense à travers la Lorraine, l’Allemagne et la Belgique : la part qu’y prennent les Flandres et le Brabant a fait songer qu’elles naquirent en Belgique, mais elles viennent peut-être de plus loin, de ces walkyries que les mythes Scandinaves nous montrent se métamorphosant en cygnes et dont l’une portait le nom de Svanhvita (blanche comme cygne) ; elles évoquent aussi le souvenir de cet Ælius Gracilis, gouverneur de la Gaule Belgique au temps de Néron, et qui serait venu sur un navire portant l’image d’un cygne, emblème de Vénus.

Un vieux livre flamand cité par les frères Grimm nous raconte à peu près l’histoire de la fée de Dolopathos, mais celle-ci s’appelle alors Béatrice ; la