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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

catrice en même temps qu’une bâtisseuse, qui leur adressa de graves conseils. Elle leur donne d’abord deux anneaux en leur expliquant les vertus des pierres qui reluisaient aux chatons de ces bagues, puis elle leur dit : « Honorez toujours de votre pouvoir notre mère sainte Église, et la soutenez, et soyez ses vrais champions contre tous ses malveillants. Aidez et conseillez les femmes veuves, faites nourrir les orphelins. Soyez humbles, doux, courtois, humains aux grands et aux petits… Et gardez que ne promettez aucune chose que ne puissiez tenir, et se promettez aucune chose, ne faites pas trop attendre après la promesse, car longuement attendre éteint la vertu du don… Si le peuple est pauvre, le seigneur sera maudit… » Suivent des conseils politiques. Les conseils moraux semblent tout imprégnés du vieux code de la chevalerie. Mélusine a l’étoffe d’une reine régente. Ne serait-elle pas dessinée sur le modèle de Marie de France, duchesse de Bar, qui s’était dévouée à l’éducation de ses cinq enfants ? Urian et Guion accomplirent leur voyage et s’attaquèrent aux ennemis de la foi, aux Sarrasins. Urian épousa Hermine, fille du roi de Chypre ; Guion épousa Florie, fille du roi d’Arménie, et devint roi d’Arménie. C’est pour le romancier un prétexte à parler des faits d’armes, des princesses lointaines et de ces régions orientales dont le moyen âge revenu des croisades rapportait le rêve mystérieux et éblouissant. Il nous décrit à plaisir le monde de son époque.

Antoine et Regnaut, deux autres fils de Raimondin et de Mélusine, imitèrent leurs aînés. Mélusine, pour la circonstance, refit un discours analogue au premier. Elle leur remit deux anneaux d’or et les embrassa tendrement. Ils accomplirent de belles prouesses.