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MÉLUSINE : UNE FÉE DE FRANCE

quelque chance d’être inférieur au lieu commun ; et revenir au lieu commun par la voie du paradoxe, c’est le fait de certains esprits qui ne compteront jamais parmi les plus médiocres de l’humanité.

Au début du livre, la fille de Pressine apparaît comme toute fée qui se respecte apparaît au moyen âge, avec deux compagnes, auprès d’une fontaine, au clair de lune de minuit. Une prairie s’étend devant la fontaine que surplombe un rocher. Le trio prend ses ébats sur l’herbe fleurie. Peut-être Mélusine qui est jeune et belle y danse-t-elle comme Titania, mais nous la verrons bientôt occupée d’autres soins et chargée d’autres devoirs. Le jeune chevalier Raimondin s’est enfui après avoir tué son oncle le comte Aimery par un accident de chasse. Il rencontre les belles inconnues parmi lesquelles Mélusine brille d’une beauté souveraine. Vous devinez que Raimondin épousera Mélusine, et qu’elle lui posera la fameuse condition ; il ne devra jamais chercher à l’apercevoir le samedi.

Nous avons le récit détaillé de leurs noces, et c’est un amusant tableau des mœurs du quatorzième siècle[1]. La fée est aussi sage et prudente qu’elle est belle. Elle donne d’excellents conseils à son mari, qui les suit et s’en trouve fort bien. Il naquit à ce couple plusieurs fils. Lorsque les deux aînés, Urian et Guion, partirent pour des entreprises lointaines, ce fut Mélusine, dont la légende fait toujours une édu-

  1. Le poète, sur ce chapitre, rivalise presque avec le romancier, et nous raconte que Mélusine donne à la veuve d’Aimery un écrin d’ivoire

    Où estoit
    Un fermeillet (une broche) qui moult valoit
    Garni de pierres précieuses
    Et de perles moult vertueuses.