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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

soit des aventures de gloire, soit des poèmes d’amour. Mais la trompe du nain retentit au dehors ; et, comme le poète nous donne ici l’image exacte de la vie, il n’omet pas le petit frisson de terreur et de curiosité qui court parmi la gracieuse assemblée. Dans ces beaux châteaux de la Renaissance, vu les mœurs troublées de l’époque, il y a toujours la proximité du danger, la possibilité d’une surprise ou d’un coup de main. Les belles musiciennes ne l’oublient pas. La fée de la fontaine a elle-même averti Mandricardo que la châtelaine craint beaucoup un brigand de la contrée qui, pour mieux orner le domaine féerique et mieux contraster avec le nain guetteur de la terrasse, est un géant. Cet horrible géant, hurlant et frémissant, apparaît dans la salle du festin, mais Mandricardo, protégé par la fée, tue ce monstrueux ennemi, et les danses reprennent de plus belle, ce qui est encore assez bien dans les mœurs du temps. La cour d’Amboise interrompit-elle ses jeux pour la sinistre garniture que le supplice des conjurés suspendit à ses balcons ? Musique et danses finies, l’heure vient d’aller chercher du repos sur des lits blancs dans des chambres soignées et parfumées de rameaux d’oranger, en attendant l’aurore que Bojardo va chanter en vers délicieux. Et, dans l’éclat naissant du beau matin, Mandricardo retrouve la fée, sa protectrice et sa conductrice, qui lui montrera le bouclier d’Hector.

Ce bouclier est au milieu d’une cour. Après avoir tué un serpent, le chevalier aperçoit une tombe faite d’une seule roche couverte d’ambre, d’ivoire et de corail. À l’intérieur, un édifice d’ivoire renferme les autres armes du héros troyen. L’épée manque, mais l’épée d’Hector a passé entre les mains de