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Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/179

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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

Roland, elle s’appelle Durandal. Le guerrier Mandricardo n’a pas le temps de s’attarder dans sa contemplation ; des cortèges de dames viennent le chercher, le poussent hors de la tombe, le revêtent d’un manteau magnifique et parfumé, lui font gravir un escalier de marbre qui l’amène au palais où l’attend la fée, son amie, gardienne des armes d’Hector. Danses et batailles, serait-ce l’idéal d’une vie de la Renaissance ? Car un bal s’esquisse immédiatement, au son des chants et des instruments délicieux. Cette fois, nous explique le poète, on danse à la lombarde, comme on dansait sans doute, vers la même époque, à la cour de Ludovic le More et de Béatrice d’Este, quand Léonard de Vinci devenait l’organisateur de leurs fêtes, au château de Milan. Le preux Roland lui-même, pendant que l’on médite de lui enlever Durandal, est la victime des fées et des enchantements. Et il danse, il danse aussi, sans discontinuer, oublieux des batailles. Ne fut-ce pas l’aventure qui advint à Charles VIII, roi de France, quand il passa les Alpes à la tête de son armée et qu’il perdit du temps « à baller et à danser » avec la marquise de Montferrat ?

Captif des charmes féeriques, comment le preux Roland sera-t-il affranchi ? Des enchantements l’ont asservi, des talismans salutaires vont le délivrer. La belle Fiordelisa possède quatre couronnes de roses. Ceux qui en ceindront leur tête verront s’évanouir leur funeste illusion.

Fiordelisa accompagne ses messagers, le preux Roger, Gradasso et Brandimarte, dans la forêt légendaire, pour libérer Roland et ses compagnons. Elle est très habile à déjouer les manèges féeriques. Roger pénètre d’abord dans le bosquet