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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

du beau parler toscan, et peut-être l’aima-t-il chez une fille de Florence, car son plus profond amour paraît avoir eu pour objet une Florentine, Alessandra Benucci, qu’il passe pour avoir épousée secrètement ; mais, d’après Carducci, les lettres conservées d’Alessandra sont assez loin de la pure forme toscane.

De vieux auteurs attribuent à l’Arioste un certain Rinaldo ardito.

Son imagination se serait complu, dans cette œuvre, à dessiner la figure d’une fée ennemie de l’Amour ; mais il la faisait tuer par un certain Ferraù. Elle mourait, cette fée rebelle ; et c’est une amoureuse, Alcine, qui nous apparaît comme la principale fée du Roland furieux comme une des principales héroïnes de l’Arioste, réduite à souhaiter la mort sans pouvoir mourir.

L’Arioste, en 1516, devint, pour les siècles, le poète du Roland furieux. Comment résumer, en une froide prose, cette furie de couleurs, de mouvement, de combats, d’amour, de strophes, de rimes, où le pauvre Roland, toujours brave, toujours dupe, toujours aveugle en amour, toujours affamé de coups d’épée, passe, crie, gesticule, risque cent fois sa vie, et reprend à travers le monde ses courses périlleuses et désordonnées ? Un autre paladin, Renaud, lui dispute la belle, mais, indifférente à ces soupirants illustres, Angélique aime le jeune Médor, dont la jeunesse et la beauté remplacent la gloire des deux autres. Quand Roland découvre l’idylle d’Angélique et de Médor, sa fureur jalouse est telle qu’il en perd la raison. Il faudra qu’Astolphe la retrouve pour lui dans la lune, cette pauvre raison de Roland qui ne nous a jamais paru trop stable, et que l’on nous représente égarée