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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

que, si les âmes se faisaient visibles, nous assisterions à de pareilles métamorphoses ? Malheureusement, les âmes ne sont pas visibles, et les Alcines continueront à se confondre ici-bas avec les Bradamantes et les Logistillas.

Roger choisit un cheval sur lequel il s’élance et se dirige vers la demeure de la bonne fée. Quand Alcine s’aperçoit de son départ, il est déjà loin. Elle déchire ses vêtements, s’arrache les cheveux, donne des ordres pour qu’on le poursuive. Mais il a son bouclier enchanté. Toute la vallée résonne du bruit des cloches, des trompettes et des tambours. Alcine, préoccupée d’arrêter Roger dans sa fuite, laisse son château sans défense, et Melissa en profite pour rendre leur forme primitive aux anciens amants que la méchante fée avait changés en arbres, en fontaines, en rochers, en animaux. Ceux-ci se précipitent sur les traces de Roger, vers la demeure de Logistilla. Melissa découvre les armes qu’avait cachées Alcine, la lance d’or qui appartient à Astolphe, et elle monte avec Astolphe sur un même coursier pour aller chez Logistilla. Il faut gravir un rocher stérile sous l’aveuglante lumière et la brûlante chaleur d’un soleil ardent. Auprès du rocher, il y avait la réverbération de la mer. Pendant ce temps, Roger, à demi mort de fatigue, de faim, et de soif, chevauche le long du rivage. À l’ombre d’une tour antique au bord de la mer, il aperçoit trois dames de la cour d’Alcine, occupées à prendre une collation. Leur barque à voiles les attend. Elles sont étendues sur des tapis d’Alexandrie où l’on a disposé des vins et des gâteaux variés. Elles offrent à Roger de se reposer et de se restaurer, mais il sait qu’Alcine approche, et il ne veut pas perdre une seconde.