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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

jours décroissant de leurs coreligionnaires, soit pour accomplir des sacrifices humains.

Nombreux peut-être sont les vieux récits qui gardent ainsi l’empreinte d’événements oubliés. Ces événements émurent, troublèrent, bouleversèrent, à des époques dont le souvenir s’est perdu, quelques groupements de l’humanité primitive. Les nomades, à travers cet ancien monde, en colportèrent le récit ou la légende, et certains de ces contes vécurent, d’autres sont à jamais disparus : comme les livres, les contes eurent leurs destinées. Les uns parcoururent la terre ; d’autres expirèrent au seuil de la cabane qui les avait vus naître. Il y en eut d’illustres et d’obscurs : les illustres planèrent sur des races puissantes ; les obscurs, un moment soulevés du sol de tel hameau, de telle vallée, de tel repli de terrain, parce qu’une source chantait dans le silence ou parce qu’un rayon de l’aube frôlait le tronc d’un bouleau, retombèrent dans la poussière et dans l’oubli. Certains flottent encore dans notre atmosphère. Où sont-ils ? Où courent-ils, plus vagues que les brumes, plus légers que les brises ?


III


Les fées primitives sont des païennes. La notion du bien et du mal chez elles est assez confuse — à supposer que cette notion existe, même à l’état d’ébauche ! Le moyen âge leur attribue de la jalousie et de la terreur à l’égard de la Sainte Vierge ; c’est une façon de marquer la conscience qu’il a de leur